Juillet 2004
La douleur de l'enfant
La douleur de l'enfant est de plus
en plus étudiée. Les circoncisions pratiquées en milieu
hospitalier sont un sujet de prédilection pour ces études, qui
mesurent sous enregistrement vidéo les réactions de l'enfant,
ses cris, mimiques, rythmes cardiaque et respiratoire, saturation sanguine en
oxygène etc.
On a ainsi pu comparer les effets de l'administration de paracétamol,
l'injection d'anesthésique en bague, le bloc pénien, la tétée
sucrée ("L'effet antalgique du sucre serait lié à la libération
d'opioïdes endogènes …"), le maternage… On a ensuite comparé
les techniques instrumentales diverses (Gomco, Plastibell, Magen clamp) en fonction
des techniques analgésiques. On jase encore sur les résultats,
d'autant que toutes ces études partaient du postulat que la circoncision
est très douloureuse, et concluaient ainsi.
Le petit hic à tout ceci est que la technique traditionnelle des Mohalim
est plus rapide et moins douloureuse que ces techniques hospitalières,
d'autant que le Mohel est habile et expérimenté. Que de tous temps,
les Mohalim ont veillé à réduire la douleur (voir Platter),,
à donner à l'enfant une solution sucrée sinon alcoolisée
pour diminuer la douleur, à le rendre au plus bref aux bras de sa mère
pour maternage.
Le souci de la souffrance se manifeste déjà dans le choix des
instruments du Mohel (interdiction d'utiliser un couteau ayant des aspérités
comme un couteau à dents, un couteau ébréché, une
lame rouillée), l'interdiction de circoncire l'enfant durant son sommeil
(réveil brutal et traumatisant). Ce souci de la souffrance est déjà
présent dans l'interdiction de faire souffrir même les animaux
(interdiction de la castration, d'atteler ensemble deux animaux de natures différentes,
obligation de nourrir ses animaux avant de passer à table, technique
d'abattage par saignée instantanée et mort cérébrale
immédiate). De même l'interdiction de faire souffrir ses esclaves,
ses travailleurs, l'interdiction de faire peser sur eux une souffrance même
morale (respect de l'étranger, de la veuve et de l'orphelin; verre de
vin "apaisant" pour celui qui a été condamné à la
peine capitale par le Grand Sanhédrin).
Il ne s'agit pas toutefois de sensiblerie, et les Sages n'hésitent pas
à préconiser le recours à la force dans un souci positif:
"celui qui épargne les coups à ses enfants l'éduque mal".
Avons nous quantifié la douleur d'un bébé de six jours
chez qui on pratique une ponction sanguine ou un test sanguin en le piquant
au talon? Avons nous soupesé la douleur de l'enfant - et le droit de
la lui imposer- pour une injection vaccinale ou une pose de boucles d'oreilles?
Sans parler des piercing en tout genre que l'on leur propose dès leur
jeune âge.
Pour en revenir à la circoncision, nous avons tous remarqué qu'un
nourrisson s'agite ou pleure dès qu'il est manipulé, déshabillé,
touché, même par ses parents. Irons nous faire des scores douloureux
pour chaque changée?
En moyenne, un nourrisson se calme dans les cinq à dix minutes suivant
la Brit Milah, et les bras de maman, le biberon et le calme y contribuent grandement.
Il doit par la suite manger, et dormir tout à fait normalement, et ne
présenter de douleurs (rapidement apaisées) que lors des premiers
pansements ou changes.
Il est traditionnel de donner au bébé une solution sucrée,
ou légèrement alcoolisée, pour le calmer. L'effet analgésique
a été confirmé par diverses études pratiquées
outre Manche et outre Atlantique qui ont montré l'important effet analgésique
de solutions sucrées hyperconcentrées. Et ont conclut à
l'efficacité de la sucette sucrée en absence d'anesthésie
vraie. Une bibliographie est proposée sur notre page.
Une autre étude a fait parler d'elle. Les scores douloureux ont été
mesurés chez des enfants entre quatre et six mois lors de vaccinations
de routine. On a comparé la réaction à la douleur d'enfants
préalablement circoncis par rapport à des incirconcis. Il en a
été conclu que la vaccination éveille un souvenir douloureux
chez les circoncis et non chez les incirconcis. Donc que la circoncision est
une intervention douloureuse.
Là encore, nul n'a attaché d'importance à une note rectificative
rappellent que cette étude avait été menée chez
des enfants circoncis en milieu médical, et que la circoncision "rabbinique"
était bien moins douloureuse.
La véritable question que je me pose est de savoir comment réagissent
les enfants aux vaccinations suivantes, et quelle est alors la différence
entre le groupe circoncis et le groupe incirconcis… N'y a-t-il pas un émoussement
de la réaction à la douleur plus rapide chez les circoncis? Quelle
est la différence entre le groupe circoncis lors de la primovaccination
et le groupe incirconcis à la seconde vaccination? Le test sera-t-il
étendu aux enfants "victimes" d'un piercing des oreilles?
Plus encore. Pour ceux qui voudraient étendre le "bénéfice"
d'une anesthésie locale … ou autre aux nourrissons, ils devraient s'intéresser
aux "scores de douleur" des gestes anesthésiques comparés au score
de la Brit Milah elle même. Nul doute que la douleur d'une injection locale
sera aussi intense, et que la durée totale de la phase douloureuse n'en
sera que rallongée.
contacter
Aharon Altabé
www.milah.fr