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Circoncision, modes opératoires
Nous poursuivons
l'étude de F Castelain sur la circoncision
par la desription critique des procédés utilisés traditionnels
(1882). Son papier est à mettre en rapport avec la vigoureuse réaction
du Dr N. Th. Klein publiée dans l'Univers Israélite
- 1869-1870. A tire documentaire, nous avons reproduit la description du procédé
de circoncision en usage chez les Musulmans d'Alger.
Nous émettons les plus grandes réserves sur les descriptions
ci dessous et les remarques portées par le monde médical du 19ème
siècle.
Ancien
procédé des Juifs.
Procédé des Rabbins d'Alger.
Procédé des Arabes d'Algérie.
Critique des procédés.
Procédé actuel des Juifs.
Ancien procédé des Juifs.
Voici comment se fait la circoncision
d'après le mode israélite: le Mohel fait déposer l'enfant
sur un coussin placé sur les genoux du parrain (sandak du néophite),
et après l'y avoir fait maintenir les jambes écartées de
manière à ce qu'il ne puisse plus bouger, il procède à
l'opération.
Depuis une époque très reculée, la circoncision se décompose
en trois temps, l'ablation de l'extrémité flottante du prépuce
(Hitouch), la division de la muqueuse jusqu'au niveau de la peau rétractée
(Periah), et enfin la succion du gland et de la plaie du prépuce (Mezizah).
Le Mohel saisissant de la main gauche, soit avec ses doigts, soit avec une pince
d'argent la portion du prépuce qu'il doit couper, fait repousser par
un aide le gland en arrière, puis au moyen d'un instrument comme un rasoir
ou posthetome, il coupe dans l'intervalle des parties tendues.
Une fois l'anneau préputial retranché, comme vu a rétraction
plus grande de la peau comparée à celle de la muqueuse, il reste
toujours une portion de cette dernière membrane recouvrant le gland,
l'opérateur saisit cette muqueuse soit à l'aide de ses ongles,
qu'il laisse croître à cette intention, soit encore avec des ongles
de fer, et la déchire dans une étendue variable, c'est-à-dire
jusqu'au niveau du point où la peau s'est rétractée.
Enfin, comme terme final, le Mohel prend une gorgée de vin, suce le gland
ainsi que la plaie encore toute saignante, crache à terre ce vin mêlé
de sang; renouvelle cette manœuvre une seconde fois, et à la troisième
au lieu de cracher à terre ce liquide, il en asperge le gland et la plaie.
On procède alors au pansement, que l'on fait de la façon suivante:
l'opérateur applique sur la plaie circulaire une ou deux bandelettes
d'agaric, qu'il maintient au moyen de quelques fils de charpie; il rapproche
alors les cuisses et les jambes de l'enfant, les lie en évitant de comprimer
les testicules, et place enfin partie sur le ventre, partie sur les cuisses
un coussinet-bourrelet, qui est maintenu par trois agrafes, dont l'une est fixée
aux vêtements de l'enfant.
On comprend du reste facilement l'utilité de ce pansement; il met la
plaie à l'abri de toute compression, tout en permettant de l'examiner,
quand cela est nécessaire. Le pansement terminé, on recouvre le
tout d'une lurette et l'on remet l'enfant aux mains de la marraine, qui le place
dans le berceau.
Au bout d'un certain temps, parfois après quelques heures seulement,
mais aussi quelquefois le lendemain, afin de détacher le sang coagulé.
ainsi que les bandelettes, on met le petit opéré dans un bain
dans lequel on a l'habitude de verser un peu de vin, pour le rendre légèrement
tonique; puis quand on a retiré l'enfant, on applique sur les parties
une compresse carrée imbibée d'une légère décoction
de guimauve, ou bien enduite de cérat, d'huile d'amandes douces, ou blanc
d'œuf, etc. …, et percée à son milieu pour laisser passer le gland.
Enfin par dessus cette compresse. on en met une autre enduite du même
liquide mais non percée à son milieu, et qui est destinée
à garantir le gland de tout contact. Le pansement peut être renouvelé
tous les quatre ou cinq heures, c'est à dire chaque fois qu'il est sali,
et généralement au bout de trois jours et même d'un temps
moins long, la guérison est complète.
Procédé des Rabbins d'Alger.
Pendant qu'un aide retire, autant qu'il le peut, la peau de la verge en
arrière, l'opérateur saisit de la main gauche le bord libre du
prépuce, et le fixe dans le mors d'une pince à anneaux, qu'il
tient de la main gauche, puis place de la main droite derrière la première
pince une seconde, qu'il ramène le plus près possible du gland
en le refoulant en arrière. Il confie alors cette dernière pince
à un aide pour avoir libre la main droite, et d'un coup de rasoir, il
coupe la partie du prépuce comprise entre les deux pinces, en rasant
toutefois celle qui est la plus rapprochée du gland. Baudens, qui rapporte
ce procédé dans le Journal l'Expérience, dit que
dans les cas, où la muqueuse retirée derrière le gland
semblerait l'étrangler et faire craindre pour l'avenir la possibilité
d'un paraphimosis, on pourrait l'inciser à partir de son bord libre dans
une étendue de quelques millimètres en arrière. On n'emploie,
paraît-il, aucun mode de suture et le pansement consiste simplement à
faire passer le gland à travers une compresse longuette percée
d'un trou et fixée à l'aide de quelques jets de bande, de manière
à maintenir le prépuce refoulé en arrière. On se
borne comme soins consécutifs à faire quelques irrigations d'eau
froide.
Procédé des Arabes d'Algérie.
Tout l'appareil instrumental se résume à deux bouts de ficelle
et à un couteau ordinaire mais bien affilé. L'opérateur
saisit avec le pouce et l'index de chaque main le limbe du prépuce qu'il
attire fortement à lui, en s'efforçant d'entraîner en même
temps la muqueuse et la peau. Un aide fait alors avec un morceau de ficelle,
un nœud qui rase le sommet du gland, un second nœud fait de la même façon
est placé un peu en avant du premier, et alors on opère la section
d'un seul coup entre les deux ligatures. L'avantage du premier nœud est d'engourdir
la sensibilité, et quant aux deux nœuds ils ont pour effet de s'opposer
au glissement de la muqueuse, qui est divisée d'une façon très
nette et à la même hauteur que la peau, On termine l'opération
en relevant la muqueuse en arrière et en pansant la plaie avec un mélange
de cendre de laurier-cerise, des feuilles de lentisque pilées et du miel.
Critique des procédés
Il est incontestable, en se conformant aux règles que je viens de tracer,
que l'on peut obtenir des résultats assez satisfaisants, mais il faut
reconnaître aussi que plusieurs temps de ces procédés sont
entachés de quelques inconvénients.
- On comprend en effet, par exemple, qu'en sectionnant le prépuce soit
entre deux morceaux de ficelle, soit entre un instrument quelconque et les doigts
d'un aide repoussant le gland en arrière, il peut se faire à la
rigueur que cet organe soit intéressé; ensuite lorsque rien ne
guide l'instrument la section bien souvent n'est pas régulière.
- Le second temps de l'opération, c'est-à-dire la déchirure
de la muqueuse, a été critiquée par un certain nombre de
médecins déjà depuis longtemps; mais c'est surtout dans
ces quarante dernières années que Michel Lévy, Terquem,
etc..., se sont élevés de toutes leurs forces contre cette coutume
inhumaine et cruelle. En effet, la déchirure de la membrane muqueuse,
constitue toujours une pratique peu heureuse, d'abord parce que l'on n'est jamais
certain d'en limiter l'étendue au point précis où on veut
l'arrêter, et ensuite parce qu'elle est forcément accompagnée
d'une douleur assez vive. Comment, disait Michel Lévy "faire croire facilement
à des médecins que la dilacération d'une membrane muqueuse,
puisse chez un enfant de huit jours être une œuvre bénigne". Mais
c'est surtout quand la membrane muqueuse est résistante, que les inconvénients
que j'ai signalés sont à redouter: du reste les faits sont là
pour montrer que les accidents convulsifs peuvent parfois survenir.
- La succion n'a pas rencontré dans ces derniers temps moins d'opposition
que la déchirure du prépuce et l'on a accusé cette pratique
non seulement de donner lieu à des hémorragies, mais surtout de
faciliter la transmission de la syphilis du Mohel aux enfants et vice versa.
Les annales de la science contiennent plusieurs exemples de ces cas malheureux,
et ce que l'on sait aujourd'hui de la transmission des accidents secondaires,
nous en rend compte très facilement. Tous les médecins, un peu
versés dans la syphillographie, connaissent l'épidémie
des souffleurs de verre de Lyon, dans laquelle un ouvrier atteint de plaques
muqueuses buccales, communiqua la syphilis à ses camarades d'atelier
(les ouvrages en verre ne pouvant s'obtenir que si plusieurs personnes viennent,
consécutivement à souffler par la mème ouverture).
Plus récemment dans un livre sur la syphilis, M. Fournier a relaté
un autre exemple bien manifeste de contagion d'accidents secondaires, je veux
parler de l'épidémie de Condé.
Ici ce fut une tireuse de sein, qui en fut la cause, et cette malheureuse femme
atteinte de syphilis buccale, communiqua la maladie à 12 ou 14 en allant
remplir ses désagréables fonctions. Et je ne donne ici que le
nombre des syphilis, développées pour ainsi dire d'une façon
directe. car un certain nombre d'enfants la gagnèrent à leur mère.
Les exemples de syphilis communiqués par l'enfant au Mohel sont peut-être
plus rares et cependant ils peuvent s'expliquer de deux façons. Il va
de soi que les plaques muqueuses du prépuce peuvent amener la syphilis,
mais à coté de ce mode de propagation, il y a encore un autre
mode de contagion, c'est le sang, qui d'après les théories nouvelles
serait contagieux pendant l'évolution de la syphilis secondaire.
Le docteur Vanier, dans son travail sur la circoncision, dit qu'il fut consulté
un jour par un Mohel pour des aphtes très douloureux de la bouche, et
cet honorable septuagénaire lui raconta qu'il avait opéré
quelques jours avant le fils d'une prostituée : cette observation, Vanier
la compléta, car il examina l'enfant et vit que le jeune innocent portait
autour de la verge plusieurs chancres vénériens (sic).
Ces observations, un certain nombre de médecins, surtout en Allemagne,
les avaient déjà faites, et on avait demandé une réforme,
mais il est incontestable que c'est Vanier du Havre, qui contribua le plus puissamment
à faire modifier l'ancienne manière de pratiquer la circoncision.
Non seulement il réunit les faits qu'on avait déjà reprochés
à cette pratique et il en fit connaître d'autres, comme je l'ai
signalé tout à l'heure, mais il s'adressa à un certain
nombre de sommités médicales, les priant de vouloir bien donner
leur appréciation sur la façon dont se faisait la circoncision
d'après le rite judaïque, et tous les médecins furent unanimes
pour reconnaître toute la défectuosité de ce procédé.
Fort de ces attestations, le docteur Vanier s'adressa au consistoire général
et après examen, il fut décidé, que non seulement la déchirure
de la muqueuse serait remplacée par la division régulière
de cette membrane (ce que quelques opérateurs faisaient peut-être
déjà), mais on arrêta aussi que la succion serait supprimée.
Ce fût là une véritable révolution, et quand le consistoire
de Paris voulut imposer aux péristhétomistes de la capitale, l'obligation
de prêter serment de ne plus faire la succion, un certain hombre de Mohels
renoncèrent à leurs fonctions. Cependant le troisième temps
de la circoncision, dont la suppression causait tant d'alarmes, n'avait été
institué que dans la pensée d'éviter des accidents soi-disant
dangereux, c'est-à-dire dans un but matériel et physique, et non
moral, et par conséquent pouvait être aisément supprimé
sans porter préjudice à la foi. Ce n'était pas là,
du reste la première modification apportée à la circoncision,
et si l'on voulait s'en tenir exactement au texte de la loi, on aurait dû
conserver la circoncision en un seul temps et même la faire avec un couteau
de pierre, car c'était de cette façon que Josué avait reçu
l'ordre de circoncire les enfants d 'Israël. Le grand rabbin de Paris,
comme je l'ai dit plus haut, sut apprécier la valeur des objections qui
lui arrivaient de toutes parts, et, comprenant que les diverses modifications,
successivement introduites dans la pratique, l'avaient été dans
un but de progrès, crut, tout en respectant le dogme immuable de la circoncision,
pouvoir autoriser les changements qu'on réclamait au nom de la science
et de l'humanité. (Vanier). [voir lettre de Dr
Klein]
Procédé actuel des Juifs.
Voici comment; de nos jours, les juifs pratiquent à peu près partout
la circoncision : elle se fait toujours en trois temps.
1er temps. - Le ministre préposé à l'opération,
après avoir fait tirer un peu la peau vers le pubis I'attire légèrement
à lui le prépuce avec les premiers doigts de la main gauche, puis
de la main droite il place à la hauteur du sommet du gland une petite
plaque fendue longitudinalement et à l'aide d'un rasoir, d'un bistouri
ou d'un posthétome, il emporte perpendiculairement toute la portion du
prépuce située en avant de l'instrument.
2ème temps - L'ablation de l'anneau préputial une fois
faite, la peau, en raison de son élasticité, se rétracte
dans une certaine étendue, le Mohel incise alors avec un bistouri la
muqueuse jusqu'au niveau de la peau, et rabat chacun des lambeaux sur la plaie.
3ème temps - Il ne reste plus pour terminer l'opération
qu'à appliquer une compresse circulaire trempée dans une solution
astringente, et à disposer les différentes pièces à
pansement, comme nous l'avons dit précédemment. Les soins consécutifs
sont aussi ceux que nous avons indiqués plus haut; toutefois le docteur
Elias Collin, de Dresde, conseille de remplacer le bain que l'on donne généralement
le second jour, pour détacher le pansement, par des lotions faites avec
une éponge trempée dans de l'eau tiède (…)
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