De la succion dans la circoncision
L'univers Israélite - 1869-1870.
Dr N. Th. Klein
Etudiant en Médecine
Le Consistoire de Paris vient de déclarer, au nom d'un médecin inconnu, que la succion est un acte dangereux dans l'opération de la péritomie et qu'elle engendre des érysipèles.
Nous considérons comme un devoir de soutenir
que cette assertion est non seulement dénuée de tout fondement,
mais qu'elle dément tous les faits acquis à la science et toutes
les doctrines scientifiques admises aujourd'hui. Bien des choses ont déjà
été dites contre la circoncision, les persécutions les
plus odieuses se sont déjà réunies contre elle pour l'anéantir;
elle a toujours survécu. Les millions de faits acquis, les avis judicieux
de tous les physiologistes et chirurgiens, ne doivent-ils donc compter pour
rien, en présence de ce fameux cri: Le juif sera pendu! ...
Dans un excellent article du Dictionnaire de Jaccoud, M. de Saint Germain, chirurgien
des hôpitaux, vante la guérison rapide des enfants circoncis suivant
la pratique juive; non seulement il ne dit rien contre la succion, mais il recommande
encore le mode de pansement des israélites pour remplacer les serre-fines
que quelques médecins israélites ont voulu nous imposer.
Afin de ne laisser aucun doute dans l'esprit de nos lecteurs, nous allons expliquer
en peu de mots toutes les phases du procédé recommandé
par nos livres religieux, et nous verrons comme les moindres détails
sont appuyés sur des connaissances profondes de la chirurgie.
Le couteau est aujourd'hui généralement préféré
aux ciseaux; il se manie d'une main plus ferme et suit plus fidèlement
les intentions de l'opérateur; avec le couteau, la plaie ne prend que
l'étendue qu'on veut lui donner; pas de pincement douloureux, pas de
déviation dans l'incision.
La periah, ou déchirure, produit une plaie contuse au lieu d'une
section nette, et rend par conséquent l'hémorragie bien moins
redoutable. C'est sur la même théorie que se fonde l'écraseur
linéaire de Chassaignac, qui aujourd'hui remplace le couteau dans un
grand nombre d'opérations. Ajoutons que la periah présente
encore l'avantage d'éviter la difformité que produit la section
du frein,
La succion n'a jamais produit d'érysipèle, et aucun médecin
n'oserait signer une assertion pareille; car, dans les plaies les plus envenimées,
elle sert à extraire le virus pour éviter une angioleucite redoutable.
Si la succion était une cause d'érysipèle, jamais nous
n'oserions la pratiquer sur une piqûre anatomique déjà si
grandement disposée à s'enflammer,
Les lois les plus simples de la mécanique nous affirment également
que, pendant la succion, aucun virus ne peut pénétrer dans les
parties soumises à cette aspiration.
Il existe, il est vrai, quelques rares exemples de nourrices contaminées
par des nourrissons syphilitiques: dans ce cas le passage du virus n'a pu avoir
lieu que dans les moments fréquents où l'enfant ne suçait
pas; du reste, on peut considérer comme un moyen prophylactique très
important la gorgée de vin que le Mohel tient dans sa bouche pendant
la succion.
Mais le grand avantage de la succion, c'est de prévenir les infiltrations
si étendues et quelquefois si redoutables qui suivent toutes les opérations
pratiquées sur cet organe; c'est peut-être là plutôt
que dans le pansement qu'on peut trouver la cause de la guérison rapide
admirée par M. de Saint-Germain.
Habitué par notre vénéré Maître M. le Professeur
Sée à n'accepter aucune assertion scientifique sans un contrôle
sérieux, nous mettons en suspicion légitime l'affirmation magistrale
du Consistoire de Paris. Jusqu'à ce que des expériences publiées
dans un journal scientifique et signées d'un nom médical connu
soient venues détruire notre opinion, nous considérerons et recommanderons
la succion comme un excellent procédé hygiénique.
Dr N. Th. Klein
Etudiant en Médecine
L'univers Israélite - 1869-1870.
Ce texte est à comparer avec le livre de F Castelain dont nous publions quelques extraits.
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