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"Thesoro
de los circumsisados que haze iahacob de mesas empesado de edad 25 anos …
Registre des circoncis faits par Jacob de Mezas depuis l'âge de 25 ans. Le tout
soit pour l'honneur, la gloire et la louange de l'Eternel, D.ieu d'Israël. Suppliant
Sa Divine Majesté pour qu'Il circoncise nos cœurs pour le servir avec amour
et crainte, rapprochant tout Israël du bien promis, (que ce soit de nos jours).
Amen, Bordeaux, 14 Adar an 5466, qui correspond au 28 février 1706."
C'est ainsi que s'ouvre le Thesoro de los circumsisados, registre
des circoncisions effectuées par Jacob de Mezas. Ce document est conservé aux
Archives municipales de Bordeaux, et a été étudié par L.Cardozo de Bethencourt
dans la Revue des Etudes Juives XXVI, 24 de l'année 1893.
Bordeaux
est à cette époque le centre d'une communauté juive portugaise, ayant fuit le
Portugal et ses persécutions inquisitoriales. Nombre de "nouveaux chrétiens"
y sont redevenus à nouveau juifs. S'y trouve aussi quelques juifs d'origine
espagnole. Le portugais est la langue de cette communauté, et d'ailleurs le
registre est tenu les premières années en portugais. Bordeaux est une plaque
tournante de ces communautés portugaises que l'on retrouve aussi à Londres et
Amsterdam, où elles contribuent à l'essor économique du pays. Le Sultan turc
n'avait il pas dit en 1492 que "le Roi d'Espagne est devenu fou, il appauvrit
son pays et enrichit le mien"!
Jacob de Mezas commence son activité de Mohel en 1706, à l'âge de 25 ans, et
la poursuivra jusqu'en 1742.
La seconde partie du document est le registre des circoncis opérés par son fils
Abraham de Mezas, depuis l'âge de 43 ans, et débute en 5502 – 1742. (Il exercera
jusqu'en 1775).
Sont notés
755 actes de circoncisions, dont 617 effectuées au huitième jour, une quinzaine
d'autres avant l'âge de un an, et le reste de 1 à … 68 ans. Comment oublier
qu'on est en pleine époque où les juifs fuient le Portugal et l'Espagne pour
retourner ouvertement à la pratique du judaïsme.
L'auteur de l'analyse note que les De Mezas n'étaient pas les seuls circonciseurs
à Bordeaux, et qu'un Moïse Israël Henriquez "de Londres" est connu
pour avoir effectué une cinquantaine de circoncisions entre 1726 et 1746. En
1738, lors de la circoncision du fils de Moïse Israël, Avraham, De Mezas note
"Mohel: le père de l'enfant. Et à 4 heures de l'après midi, il i est survenu
unne hémorogie de san fort considérable, laquelle, sur l'istant, moy, Jb de
Mezas, ay arété". Bonne confraternité.
On note la pratique du double prénom, un prénom civil emprunté au catholicisme.
Il semble que le prénom Avraham soit souvent associé à Antonio, Jacob à Francisco,
mais aussi à Diégo, Haïm à Haïn, Jain, Chaïm, Jaym, Jaïm …
Le prénom juif du premier né était toujours celui du grand père paternel!
On note en 1731 que Ester Carbaillo qui devait être la marraine "se trouvant
ansainte a donné la misba à Ester Fonsèque".
Etait elle incommodée à ce point, ou est une allusion à l'usage qu'une femme
enceinte n'apporte pas l'enfant à la Brit Milah?
Archives municipales de Bordeaux, GG800 bis du Répertoire général.
Document étudié :
Le trésor des Juifs Séphardim.
REJ, XXVI, 24 de 1893, étudié par L. Cardozo de Bethencourt.
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