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Dernière volonté
Les jours précédant
Pessa'h 5775 (2015), le Rav Haïm Slavatitski, Chalia'h 'Habad à
Fort Laudale en Floride, était parti visiter un médecin juif de
ses amis pour lui apporter de la Matsah Chemourah et lui souhaiter une bonne
fête.
Il fut reçu avec chaleur et attention. Quand Reb Haïm eut fini de
lui délivrer le message de Pessa'h, le médecin lui suggéra:
"j'ai ici une femme juive dans la salle d'attente, peut-être sera-t-elle
heureuse de recevoir de la Matsah".
Reb Haïm partit voir la patiente, armé de son meilleur sourire,
et d'un paquet de Matsah.
La réaction fut totalement inattendue.
Elle se mit en colère, et s'en prit au Rav. "Je ne suis pas croyante,
je n'observe pas ces fêtes juives, de quel droit viens tu me parler de
tout ça?"
Reb Haïm ne perdit pas sa contenance.
"Il y a méprise, Madame, je ne viens pas vous vendre de la Matsah,
je vous l'offre à l'occasion de Pessa'h qui arrive".
Rien n'y fit.
Reb Haïm lui tendit une carte de visite.
"Si vous avez besoin de quoi que ce soit, contactez moi!".
Six mois passèrent.
Trois jours avant Roch Hachanah, le Rav Slavatitski reçut un appel.
Bonjour, je suis la dame que vous avez rencontrée il y a six mois chez
le médecin. Je ne sais pas pourquoi j'ai gardé votre carte, mais
je fais appel à vous car vous êtes le seul rabbin que je connaisse."
Mon père est hospitalisé, et il n'a plus que quelques jours à
vivre. Sa seule demande est de rencontrer un rabbin C'est pourquoi je fais appel
à vous".
Deux heures plus tard, Reb Haïm était à l'hôpital.
Le vieil homme était là, entouré de ses deux filles.
"A part le fait que nous sommes juives, le judaïsme n'a jamais eu
de place dans notre maison. Ni fêtes, ni observance particulière.
Notre père est bien malade, et nous avons été très
surprises de sa demande de rencontrer un Rabbin".
Le regard du vieil homme sembla se rallumer lorsqu'il s'aperçut de la
présence d'un Rabbin.
D'une vois faible, il se présenta, raconta sa vie, la maladie qui le
ronge, le sombre diagnostic des médecins. S'ensuivit une discussion sur
la vie, le sens de la vie. Il demanda finalement à ses filles de le laisser
seul avec Reb Haïm.
Il prit la main du Rabbin.
"Je suis né juif, je veux mourir juif!" s'écria-t-il
en pleurant
Reb Haïm le rassura: au moment voulu, il veillera à ce qu'il ait
un enterrement juif.
Il secoua la tête et répéta "Je suis né juif,
je veux mourir juif!".
Que voulez-vous dire, demanda Reb Haïm.
"Mes parents ne m'ont pas circoncis. Faites ce qu'il faut ..!"
Reb Haïm fut frappé.
"Je ne suis pas Mohel, …
Faites le nécessaire, je vous en supplie."
Sur le champ, Reb Haïm appela deux Mohalim. Tous deux acceptèrent
immédiatement de circoncire le malade.
Mais les médecins s'y opposèrent, compte tenu de l'état
dans lequel il se trouvait.
"Mais de quoi craignez-vous que je meure" demanda le malade. Les médecins
furent inflexibles.
Reb Haïm n'épargna aucun effort pour faire pression sur la direction
de l'hôpital et accomplir la dernière volonté du malade.
Finalement, il fut accepté qu'un médecin Mohel vienne de New York,
et qui serait assuré par la même assurance que l'hôpital.
La veille de Roch Hachanah le médecin vint en avion, pratiqua la Brit
Milah et notre ami fut nommé Chlomoh.
Tous pleurèrent lors de cette Brit Milah si chargée de signification.
Chlomoh prit la parole, d'une voix très faible.
"Je ne me suis jamais soucié de mon rapport au judaïsme.
Mais lorsque les médecins m'ont appris que l'heure était venue,
j'ai revu toute ma vie et ce que j'avais réussi: des enfants attachés,
de l'argent, une grande et belle maison, une somptueuse voiture, un yacht …
Mais quel lien avais-je avec moi-même, avec mon âme, avec celui
que je devrais être?
J'ai senti un grand vide, et pris en considération que je n'étais
pas circoncis. J'ai pris conscience que c'était là la dernière
chose que j'aurai à faire, pour le bien de mon âme.
Beaucoup de gens m'ont dit que c'était sans importance, notamment dans
mon état. J'ai décidé autrement, et maintenant je suis
prêt à aller à la rencontre de mon Créateur.
Quelques jours plus tard,
la veille de Kippour, Reb Haïm eut l'occasion de raconter l'histoire de
Chlomoh dans une boutique qu'il visitait.
Un des vendeurs demanda à lui parler en privé.
"J'ai 38 ans, je suis venu de Russie, et j'ai toujours eu honte de dire
que je ne suis pas circoncis. Mais votre histoire m'a convaincu qu'avant de
mourir en juif, il faut vivre en juif. Je vous en prie, aidez-moi".
Quelques jours plus tard, il put faire sa Brit Milah.
Durant Souccot, Reb Haïm apprit que Chlomoh avait rendu l'âme pure
à son Créateur. Il fut bien sûr enterré comme un
juif.
Traduit de Si'hat Hachavoua 1611, Hechvan 5778
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Aharon Altabé
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