Reb Its'hak Elchanan, Mohel en Russie Mise à jour - Traduction Aharon

1931, Homel en Russie.
Reb Its'hak Elchanan Shagalow a décidé de persévérer à observer le Chabbath, à ne pas envoyer ses enfants à l'école communiste, à maintenir vivante la vie juive de sa famille, au prix des sacrifices extrêmes.
C'est ainsi qu'il a perdu son travail, son logement et son droit au logement. Il survit avec ses 6 enfants dans une aile de la "synagogue des ouvriers" de Homel.

Reb Its'hak Elchanan était resté l'un des derniers Mohel de la Russie Blanche.
La circoncision était bien sûr interdite. C'était un crime contre révolutionnaire, une mutilation criminelle de jeunes enfants, etc.… Toutes sortes de qualificatifs que l'histoire nous ramène cycliquement, même en ce début de troisième millénaire.
Reb Its'hak Elchanan, lui continuait son œuvre de maintien et d'encouragement à la pratique du judaïsme, et n'était pas effrayé par le danger qu'il courait. Il traversait les difficultés comme le juif traverse le monde depuis deux millénaires d'exil, sans se laisser le moins du monde impressionné par l'opposition des forces du mal.
Compte tenu de ces dangers, il était rare de trouver grand monde à une circoncision. En général, trois personnes avaient rendez-vous: le Mohel, le bébé et le papa, qui était là pour tenir l'enfant.
Ou qui n'était pas là pour tenir l'enfant.
Il arriva qu'un membre respecté du Parti Communiste eut besoin de circoncire son jeune bébé. Mais le grand frère ne l'entendait pas de cette oreille, qui menaça de dénoncer son père et le Mohel si on touchait à son petit frère…
Le père connaissait bien ce genre de délation, monnaie courante dans les familles, et ne tenait pas tellement à croupir en prison, et plus si affinités….
Lorsque Reb Its'hak Elchanan entra dans la pièce, le père sortit par une autre porte, et rejoignit un groupe d'amis dans une maison voisine. Il pourrait ainsi prouver qu'il n'était pas partie prenante dans ce crime!!
Reb Its'hak Elchanan comprit rapidement ce qui se passait sous la casquette du papa, et posa le bébé sur ses genoux. Il fut ainsi le Mohel et le Sandak du petit, sans se soucier des menaces de dénonciation que le frère avait agitées.
Sur le chemin du retour, il croisa le père à qui il fit un petit signe: tout s'était bien passé!
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Reb Its'hak Elchanan avait compris que le rouleau compresseur stalinien voulait réduire à néant toute vie juive en Russie. Il avait décidé que ses jeunes enfants devaient apprendre d'urgence tout ce qui touche à la vie juive, y compris ce qui est réservé aux adultes. C'est ainsi qu'il enseigna à ses garçons et à ses filles comment faire une Brit Milah!
"Il viendra un jour où personne ne saura faire une Brit Milah. Je veux que vous soyez prêts à la faire!"
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Une certaine circoncision laissa un souvenir mémorable à Homel. De nombreux juifs, même dans les hautes sphères de la direction communiste locale, s'efforçaient d'afficher un comportement de bon communiste, alors que brûlait encore au fond d'eux la flamme du judaïsme.
Un jeune homme fit un jour un procès en divorce à sa femme, après un accouchement. Elle avait fait circoncire le bébé!
Les communistes tenaient enfin un cas exemplaire: comment un jeune homme était prêt à sacrifier sa vie de famille pour le Parti. Un procès exemplaire, auquel fut donné une large publicité dans la presse locale. Le jour dit, le palais de Justice était comble. Le Juge lui-même était juif.
"Camarade, es tu un membre loyal du Parti?
Oui, bien sûr, dit il en décrivant ses hautes fonctions dans la hiérarchie locale.
Jusqu'à présent, étais tu en bons termes avec ta femme?
Si c'est ainsi, pourquoi veux tu divorcer?
Camarade Juge, ma femme a donné naissance à un garçon. J'ai toujours projeté d'élever mes enfants comme de vrais communistes. Un jour, en rentrant à la maison, je me suis aperçu qu'il a été circoncis! Suis je supposé monter la garde toute la journée dans ma propre maison contre ces pratiques? Dois je abandonner mes hautes tâches vouées à l'avancement du Communisme? C'est elle qui est responsable de tout!"
Des gloussement admiratifs retentirent dans l'assemblée.
La jeune maman s'avança en pleurant.
"Camarade, es tu coupable de crime immonde?
Camarade Juge, ceci n'est pas vrai. Il ne veut pas m'écouter. Nous vivons dans une toute petite pièce, chez quelqu'un. Un jour, je suis sortie faire quelque achat, laissant le petit dans son berceau. J'étais sûre d'avoir fermé la porte, comme à mon habitude. J'ai un peu tardé, et en rentrant, - elle baissa la voix pour accentuer le ton dramatique- la porte était grande ouverte. Quelle frayeur! Heureusement, rien n'avait disparu … jusqu'à ce que je me rende compte que le bébé n'était plus là. Il n'y avait personne dans toute la maison, personne qui puisse me renseigner sur ce qui s'était passé. C'est en courant dans la rue que j'ai aperçu mes parents et mes beaux-parents. Ma mère portait le bébé dans ses bras. Ils l'avaient sorti pour prendre l'air.
Je les ai crus, Camarade Juge. Jusqu'au moment où j'ai changé le bébé. Quel choc! Comment ma propre mère a-t-elle pu me faire ça?"
"Terrible, terrible, opina le juge. Comment dans notre république soviétique progressiste on puisse encore pratiquer de tels actes d'un autre temps! Faites venir les grands-parents!
Les deux grands-pères s'avancèrent, barbus vêtus de la redingote traditionnelle. Les grands-mères portaient un fichu sur la tête. Nul besoin d'être grand clerc pour comprendre qu'il s'agissait de juifs orthodoxes. Une des grands-mères qui baragouinait en russe mieux que les autres prit la parole.
"Honorable Camarade, je dois avouer que je vois pas très bien ce qu'il y a de si grave à ce que le petit soit circoncis. Mais nous n'y sommes pour rien. C'est arrivé comme ça!"
La galerie éclata de rire.
"Comme ça? Babouchka, raconte-moi comment c'est arrive "comme ça"
Nous étions sortis avec le petit prendre l'air, et nous sommes arrivés dans une rue où nous n'allons jamais, je ne sais même pas laquelle. Un jeune Rabbin inconnu a surgi, s'est dirigé vers nous et nous a demandé si nous souhaiterions que notre petit-fils soit circoncis comme tout petit enfant juif. Qui n'en rêve pas? Avant même que nous réalisons ce qui se passait, il a sorti un couteau de sa poche et a fait la Brit Milah"
Une tempête de rires souleva l'assemblée.
"Babouchka, arrête tes sornettes" protesta le Juge.
"Je vous ai tout dit, mais j'ai encore autre chose à dire, Camarade. Je tiens à le dire, je suis très contente.
Contente? rugit le Juge.
Content que notre cher petit-fils ait été circoncis. Comme vous d'ailleurs honorable juge. N'êtes vous pas fier d'être juif?"
Le juge et les huissiers eurent beaucoup de mal à calmer l'assemblée. Le père fut appelé à la barre.
Dis-moi Camarade, héros du Communisme. A part cette histoire malheureuse, as tu une autre raison pour vouloir quitter ta femme?
Non Camarade, aucune autre raison.
Si je déclare que ta femme est innocente, retourneras tu chez elle?
Bien sûr Camarade.
Ainsi est notre décision. Ta femme est innocente. C'est l'entière faute des grands-parents, qui seront punis d'une amende de 50 roubles pour persister dans la pratique religieuse. Ainsi est la décision de la Cour de Justice soviétique de Homel."

Quittant le palais de justice la foule ne put que s'extasier sur l'astuce de ce jeune couple pour faire circoncire leur fils tout en gardant leur haute position dans le parti.
Quant au Mohel inconnu, tous savaient que Reb Its'hak Elchanan Shagalow était le seul Mohel qui restait à Homel et était le seul capable d'avoir pris un tel risque.


Autre histoire de Reb Its'hak Elchanan Shagalow sur le site Alliance de la cacherouth:
http://kacher.fr/sipk10.htm

contacter Aharon Altabé
www.milah.fr