Cet enfant tournera bien.
L’histoire suivante a été
publiée par "Neshei Chabad Newsletter" de Septembre 1995.
Les mémoires de la Rabbanith Mariacha Garelik y sont racontées
par sa petite fille, et en voici un extrait :
Rabbi El’hanan Garelik avait cessé ses études talmudiques et son
doctorat de médecine pour se consacrer à la Milah en Russie soviétique,
sur les conseils du Rabbi précédent.
Au début, la famille pouvait vivre de cette activité. Recevoir
un panier de victuailles ou un manteau chaud était courant, et c’était
toujours le bienvenu. Puis vint Staline, que son nom soit à jamais oublié !
Les gens étaient terrorisés, et ses espions étaient partout.
Plus personne n’osait pratiquer la circoncision. Rav El’hanan, en vrai ‘Hassid
s’efforça de pratiquer les circoncisions qui lui étaient demandées,
à chaque fois et en chaque lieu où il le pouvait. Il était
maintenant rarement payé, car payer un Mohel signait l’adhésion
à une pratique religieuse ce qui était passible de la peine de
mort ou de déportation dans un camp de travail.
Il advint dans un couple que mari et femme étaient devenus de chauds
communistes. Lorsque bébé naquit, il était hors de question
d’envisager sa circoncision. Comme tous deux travaillaient, ils confièrent
la garde de l’enfant à la grand mère. C’est ainsi qu’un jour,
la grand mère pria Mariacha de faire venir son mari pour circoncire l’enfant.
Rav El’hanan exigea un pacte : la grand mère devait s’engager à
ne jamais dire que c’est lui qui avait " commis " cette
circoncision, et lui s’engageait à ne jamais dire que c’est elle qui
avait demandé la circoncision du petit. Le pacte (ici bas) fut conclu,
et l’alliance (Brit) fut effectuée.
Lorsque les parents découvrirent l’irréparable, ils devinrent
enragés. Monsieur menaça sa femme de divorce, car il était
clair que la grand mère si traditionaliste était dans le coup,
et sa femme aurait du deviner qu’elle était capable de "commettre"
un tel crime, et ne jamais le lui en confier la garde. L’affaire fut portée
devant les tribunaux. Il demanda le divorce, en soutenant que sa femme et la
grand mère avait pratiqué la circoncision en cachette. La maman
jura devant le tribunal qu’elle n’était au courant de rien, et qu’elle
s’était trouvée devant le fait accompli.
Le juge se tourna vers la grand mère et lui ordonna sèchement
de s’expliquer. Elle se leva calmement et déclara qu’elle était
dans la rue, s’était arrêtée pour changer la couche du petit
lorsqu’une main surgit et coupa le prépuce ...
-"Vous vous moquez de la Cour ? C’est un mensonge énorme ! "
L’homme avait un pouvoir de vie et de mort, et il pouvait l’envoyer sans plus
d’explications dans un lointain camp de travail pour cinquante ans et plus.
Loin de perdre sa contenance, elle poursuivit : "Votre Honneur, vous
êtes vous même juif et circoncis, et vous êtes pourtant un
bon communiste. N’ayez crainte pour lui, cet enfant tournera bien !"
Le tribunal condamna la grand mère à une amende de cinq roubles,
et ordonna au mari de ne pas divorcer.
Inutile de vous dire que lorsque la vieille dame avait dit "cet enfant
tournera bien", elle n’avait du tout la même définition que
le juge!
Extrait de Véyikaré Chémo
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