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"Et on lui donnera comme nom…"

Il y a cinq ans, disparaissait le père de l'une des auditrices du Centre d'Etudes que je dirige, Madame 'Haviva Abraham. Deux ans après son départ de ce monde, sa fille constata qu'elle attendait un enfant, et elle se prit à souhaiter que ce fût un garçon, afin qu'il porte le nom du disparu, pour perpétuer son souvenir. Comme sa grossesse comportait quelques problèmes, elle décida d'écrire au Rabbi, au moyen des "lgueroth-Kodech", les volumes de la correspondance du Rabbi, afin de solliciter sa bénédiction.
A la lecture de la réponse du Rabbi, qui incluait sa bénédiction, mais également des mentions à la Fête de Pessa'h, 'Haviva crut comprendre qu'il faisait allusion à la période où aurait lieu l'accouchement. Et les faits confirmèrent sa pensée, puisque c'est au milieu de cette Fête, le 18 Nissan, qu'elle ressentit les premières douleurs de la délivrance. Elle se hâta alors d'écrire de nouveau au Rabbi, et la réponse fut claire et sans ambiguïté : "bénédiction pour un fils, et accouchement facile".
Quelques heures plus tard, au moment où les douleurs devenaient plus fortes, elle sollicita une nouvelle bénédiction, et reçut une réponse qui lui causa de l'étonnement: dans sa lettre, le Rabbi remerciait son correspondant pour avoir donné à son fils le nom de Lévi-Its'hak en souvenir du Rav Lévi-Its'hak (le père du Rabbi ).
'Haviva était en plein dilemme : d'un côté, elle voulait de toutes ses forces que son enfant porte le nom du disparu, elle avait attendu ce moment depuis trois ans, de l'autre elle ne pouvait éluder le fait que le Rabbi avait évoqué des éléments qui s'étaient réalisés, ou étaient en voie de réalisation, comme l'époque de la naissance, ou le fait qu'elle donnerait le jour à un garçon (elle mit au monde un fils quelques minutes plus tard), et qu'il souhaitait que l'entant soit nommé Lévi-Its'hak.
Elle m'appela peu après la naissance (Bé-Mazal- Tov!) et me confia son embarras. Je pris immédiatement conscience du problème qui se posait à elle, et je voulus prendre conseil auprès de mon beau-père, le Rav Its'hak Hendel Ha Cohen, chef spirituel et rituel de la communauté 'Habad de Montréal. Celui-ci se trouvant à ce moment en Californie, chez son beau-frère le Rav Avraham Lévitansky, je composai le numéro de ce dernier, qui décrocha et m'informa que le Rav Hendel ne serait pas de retour avant plusieurs heures.
Déçu de ce contretemps, je racontai au Rav Lévitansky le motif de mon appel. Lorsque j'eus terminé, mon correspondant me dit avec émotion qu'il avait la réponse du Rabbi à un problème similaire, et que je pourrais en faire mon profit.
Il me raconta alors les faits suivants: "Il y a de cela plusieurs années, une femme du mouvement 'Habad mit au monde un fils pendant l'année qui suivit la disparition de son propre père, et, bien entendu, elle avait envisagé de donner à l'entant le nom de celui-ci. Mais la naissance avait eu lieu le 12 Tamouz, jour anniversaire de la naissance du Rabbi Précédent et de sa libération de prison, et, comme aucun des fils précédents ne portait le nom de ce Rabbi, elle sollicita mon avis à ce sujet. Je me tournai alors vers le Rabbi , et il me répondit ainsi: cette femme devait interroger sa propre mère et lui demander, à son avis, quel nom le disparu aurait préféré que l'on donne à son petit-fils, le sien propre ou celui du Rabbi Yossef-Its'hak. A la suite de cette réponse, les deux femmes comprirent que le père disparu aurait préféré que son petit-fils soit nommé comme le Rabbi, et c'est ce que l'on fit. Après avoir entendu ce récit, je n'avais plus aucun doute.
J'appelai 'Haviva et lui demandai de questionner sa mère de la manière indiquée plus haut: quel nom le mari disparu aurait souhaité pour son petit-fils. Je reçus la réponse peu de temps après. Les deux femmes, unanimes avaient compris que le disparu aurait été heureux de savoir que son petit-fils portait le nom du père du Rabbi.
C'est ainsi que, huit jours plus tard, l'on introduisit le nouveau-né dans l'alliance d'Abraham Avinou, et qu'on le nomma, au sein du peuple d'Israël, Lévi-Its'hak, pour une vie longue et heureuse.

Extrait du Courrier de la Gueoula, n°237, 2001.

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