A propos de la création auprès du Consistoire d'une commission Mohalim, et la parution d'une brochure consacrée à la Brit Milah

Je vous épargnerai l'histoire et l'analyse des tentatives faites par les Mohalim de créer une association de Mohalim pour les Mohalim.
Par contre, je ne peux que recommander l'étude de Mme Patricia Hidiroglu sur les "Rites de naissance dans le judaïsme" (Edition Les Belles Lettres, 1997, page 26 et suiv.) , pour la partie qu'elle consacre aux relations conflictuelles entre le Consistoire et les Mohalim à la fin du 19ème siècle.
L'importance accordée au corps médical, (peu favorable au déroulement traditionnel de la Brit Milah) par des rabbins ou administrateurs non compétents en matière de Brit Milah et/ou de Halakhah semble préfigurer les prémices d'un remake façon 21ème siècle.

Mais restons dans le présent.
Octobre 2014, quelques dizaines de Mohalim sont convoqués par le Grand Rabbin Korsia pour se voir présenter les conclusions d'un groupe de travail ayant réuni des Rabbins, un Mohel (excusez du peu), des professeurs d'urologie, des juristes et les dirigeants de deux grandes associations de médecins juifs.
Il sera proposé une nouvelle organisation de la Brit Milah [Nouvelle ? Quelle est l'ancienne? Celle de 1844? Celle des médecins et rabbins à haut de forme du 19ème siècle http://www.milah.fr/cicp-1854.htm?]
Lors de cette réunion, il est longuement envisagé une organisation de la Brit Milah à l'exemple de la formation anglaise de l'Initiation Society, dont la plupart des Mohalim présents ignorent le fonctionnement exact, et la carotte que représente pour les Mohalim adhérents une couverture par une société d'assurances. Il n'est pas proposé de statuts de l'association, ni de règlement intérieur.

J'ai alors l'occasion de manifester mon opposition à une réglementation qui obligerait à pratiquer une prise de sang avant toute circoncision, et interdirait la metsitsa buccale, comme pratiquée depuis toujours.
(Premières étapes à instituer avant l'obligation d'utiliser des gants et l'interdiction de la periah, déchirure manuelle de la sous muqueuse, l'obligation de passer un examen de connaissances médicales basiques, bientôt suivi de l'obligation de porter masque et casaque chirurgicale, de procéder à une analgésie médicalement validée, et pourquoi pas l'obligation de présence d'un médecin, vérification du statut vaccinal et sérologies diverses)
J'ai fait part par écrit à MM le Grand Rabbin H. Korsia, le Grand Rabbin Guggenheim, le Rabbin O Kaufman, le Président J. Mergui, le Rabbin Moché Lewin d'un certain nombre de remarques quant à la structure envisagée pour cette association et quant à l'ébauche d'une brochure destinée aux Mohalim qui m'avait été remise, où il est conseillé des méthodes de pansement complètement obsolètes, voire dangereuses.

Puis le couvercle s'est refermé, et hormis des rencontres fortuites avec le secrétaire de l'association ou le Mohel, B, je suis resté sans nouvelles.
En 2016, le Pr L (urologue) et le Mohel B m'ont fait savoir qu'ils souhaitaient assister à quelques Brit Milah avec moi pour "valider ma présence" dans l'association. Ils n'ont malheureusement pas trouvé le temps de se déplacer.
Puis la chose réapparait par voie de presse, et par la bouche de je ne sais quel président de communauté lointaine rencontré par hasard, puis d'un autre professeur de médecine, qui nous claironnent la création d'une association de Mohalim.

On apprend même la parution d'un livre, si bien présenté que Actualité Juive titre "enfin un manuel de référence".
Jusqu'au jour où des parents apprennent à un Mohel que le secrétaire de l'association, (plus connu dans les couloirs d'associations de rabbins européens que pour son non statut de Mohel) a chaudement recommandé de choisir un Mohel qui ne pratique pas la metsitsa traditionnelle mais utilise un tube pour aspirer. (Voir note Metsitsah bepeh)


On pourrait penser qu'une association de Mohalim soit l'émanation d'une assemblée de Mohalim, ayant adopté un statut, voire un règlement intérieur, ayant choisi un bureau, et à laquelle on adhère sur demande volontaire, peut être même en s'acquittant d'une cotisation. Une association de Mohalim de France devrait donc avoir proposé à un grand nombre de Mohalim de France de rejoindre ses rangs, et fixé des critères d'intégration de nouveaux membres.

Il n'est rien de tout cela, et nous sommes devant une commission de notables cooptés prétendant œuvrer pour le bien des Mohalim et de la communauté.
Aucune autorité halakhique n'a apporté de caution aux diktats que cette "association" prétend imposer aux Mohalim. (Pour mémoire, il n'y a pas eu de nomination de Dayan au Beth Din de Paris)
D'un échange de courrier et appels téléphoniques avec Mr Lewin, il existerait un certain nombre de menaces sur la pratique de la Brit Milah, qui justifieraient une adaptation de la pratique.
Il me cite pèle mêle

L'interdiction de la Brit Milah en Slovénie.
Mais elle y a été interdite sous prétexte des droits de l'enfant, et ce malgré l'opposition de l'épiscopat qui y voyait une entrave à la liberté de culte.

L'interdiction de la, Brit Milah en Scandinavie:
Elle n'y est pas interdite, mais réglementée, notamment par l'obligation de recourir à un médecin. Cette réglementation a commencé par la Suède, qui a voulu imposer des normes d'analgésie. J'ai été validé officiellement pour pratiquer des Brit Milah en Suède.

L'abandon de l'obligation de Metsitsah buccale par la Majorité des Mohalim
Qui dispose de chiffres précis et validés sur cette assertion?
Et on pourrait se baser aussi sur le fait qu'une majorité de juifs ne font pas Chabbath et ne s'intéressent pas au cacher pour faire appliquer la loi de la majorité…
On notera que le Rabbinat israélien n'a pas statué sur ce point et autorise explicitement la Metsitsah buccale.
Que l'un des plus grands formateurs de Mohalim en Israël, l'Association Brit Yossef Its’hak demande à ses élèves de s'engager à la pratiquer.

Un psak halakha émis par le Dayan Chanoch Ehrentreu de Londres.
Or il n'y a pas de telle décision halakhique, mais une déclaration mi-figue mi-raisin des Rabbins du CER " the Conference of European Rabbis reiterates its recommendation to communities served by its members that it is halachically permissible and medically advisable to carry out Metziza Be´pe through a pipette or tube." (Réponse faite par Mr. Shimon Cohen de Londres, secrétaire du CER, Conference of European Rabbis).
Ce qui est loin d'être un psak halakha.

Un psak de Rav Shimshon Raphael Hirsch.
Qui là encore n'existe pas. Partisan de la Metsitsah buccale, le Rav Hirsch admet l'usage d'une pipette pour remplacer Metsitsah buccale, "mais pas pour ceux qui font déjà la Metsitsah buccale, mais pour ceux qui ne font pas de Metsitsah par crainte de contagion ou à cause de consignes gouvernementales"
Plus encore, le Rav Hirsch dénie toute authenticité à une lettre du Hatam Sofer suggérant que la Metsitsah n'est pas obligatoire.
http://mohalim.milah.fr/infos/RSRH_metsitsa.pdf

A Toulouse, un médecin aurait été condamné pour avoir pratiqué des circoncisions.
Non, un médecin n'a pas été condamné pour avoir pratiqué des circoncisions, mais pour les avoir pratiquées dans des conditions non compatibles avec les normes de la chirurgie.
http://actu.cotetoulouse.fr/operations-clandestines-circoncision-
toulouse-un-medecin-risque-radiation_45096/

Concernant les risques sanitaires de la Brit Milah
Vous savez bien que les infections secondaires à une Brit Milah sont rarissimes en France (où la seule étude médicale publiée porte sur les complications hémorragies, et elle est à notre avantage), en Europe et en Israël.
Vous savez très bien qu'au-delà de la metsitsa, ce qui intéresse nos ennemis c'est la pratique même de la circoncision, sous couvert du droit des enfants à l'intégrité physique.
Au-delà de la metsitsa, on a déjà tenté à New York l'obligation de porter des gants.
En attendant de mettre un masque chirurgical, puis une casaque de bloc opératoire, voire de raser les barbes. Puis exiger des prises de sang régulières, des vaccinations comme la coqueluche...
Après quoi vous serez sommé de former des femmes "mohelet" au nom de la parité, d'ouvrir votre formation aux non juifs, de produire tous les six mois un test VIH.

Pour information, lors des deux tentatives de constituer une association de Mohalim ces dernières années, il avait été choisi de faire le ménage chez nous et se focaliser sur l'éviction de Mohalim pratiquant sur des enfants non juifs, ou se distinguant par une conduite hors norme vis-à-vis des parents, qu'il s'agisse de la manière, ou du porte monnaie des parents.. (Il n'a jamais été question d'exclure les Mohalim qui ne pratiquaient pas la metsitsa comme il se doit).
Ces points n'ont pas été évoqués dans les réunions connues, ni dans les documents qui me sont parvenus.

Ce projet a au moins le mérite de vouloir doter les Mohalim d'une couverture par une assurance spécifique. Mais les Mohalim israéliens sont déjà couverts, sans qu'il leur soit demandé de renoncer à la Metsitsah buccale, sans qu'il leur soit imposé de pratiquer des analyses préalables. Ce modèle a-t-il été étudié?

La metsitsa traditionnelle est l'aspiration par succion buccale du sang de la plaie, qui est bien sûr recraché. Le Mohel s'est préalablement rincé la bouche, comme il s'est lavé les mains.
L'opposition à la metsitsa (aspiration du sang) et notamment à la metsitsa bepéh (aspiration buccale du sang) n'est pas récente. La metsitsa est pratiquée "pour ôter le sang des profondeurs de la plaie", selon les termes du Talmud, afin d'éviter la mise en danger de l'enfant.
Elle est basée sur un enseignement de nos Sages,
évoquée dans un texte d'un Mohel français du 13ème siècle, http://mohalim.milah.fr/infos/RYaacovHagozer_metsitsa.pdf,
défendue par le Rav Chimchon Raphaël Hirsch, qui soutient la metsitsa buccale http://mohalim.milah.fr/infos/RSRH_metsitsa.pdf, le Hatam Sofer, Le Rav Hizkyah Medini dans sa somme Sdé Hemed, les grands de notre génération.

Dès le début du XIXème siècle on a tenté de lui faire endosser le risque de transmission de syphilis, de tuberculose, au point que vers 1869 le Grand Rabbin de France signe un article du Figaro où il en interdit la pratique. C'est un "étudiant en Médecine" qui lui réplique "Nous considérons comme un devoir de soutenir que cette assertion est non seulement dénuée de tout fondement, mais qu'elle dément tous les faits acquis à la science et toutes les doctrines scientifiques admises aujourd'hui." (http://milah.fr/klein.htm)
Puis dans les années 1990 l'argumentation passe au risque de transmission du virus HIV, ou d’un des virus de l'hépatite, sans qu'aucun cas de transmission n'ait été signalé ou documenté.
Suite à des signalements à partir de l'an 2000, on a suggéré aux Etats Unis un lien entre metsitsa bepéh et des infections herpétiques néonatales, sans qu'aucune méthode de typage des virus en ait apporté de preuve. http://milah.fr/hsv-reloaded.htm

Mise à jour

Aharon
06 62 73 26 10
Contact: aharon@#(enlever le #)milah.fr

Information pour les Mohalim
milah.fr/mohalim/infos/accueil.htm