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Igueret Hakodech, Chapitre 4.
Adapté de
De nombreux textes de la 'Hassidouth traitent de la Brit Milah:
cet extrait du Tanya "Igueret Hakodech" de Rabbi Chnéour
Zalman de Liady, le Torah Or sur Paracha Lekh Lékha (traduit
en français par le Beth Loubavitch) , Derekh Mitsvotekha du
Rabbi Tsema'h Tsedek, le discours "Achrei Tiv'har" du Rabbi
de Loubavitch (également traduit en français). Ils sont
d'une approche et d'une traduction difficile. J'ai repris l'excellente
traduction commentée de Rav Haïm Melloul. Publiée au Beth Loubavitch,
2005. Notes
[1]
De façon générale, cette expression désigne la prière,
de laquelle il sera question dans la suite de ce chapitre. Ici,
en revanche, elle reçoit une formulation plus générale, comme
le contexte permet de l'établir et elle désigne la forme du service
de D.ieu impliquant la dimension profonde du cœur, que Rabbi Chnéor
Zalman tente d'analyser ici.
[2]
Selon le traité Meguila 29a. Ainsi, les membres de
la grande Assemblée instaurèrent la prière, avant l'exil, en observant
que D.ieu Lui même y accompagnait les enfants d'Israël, ainsi
qu'il est dit: " Je me trouve en exil".
[3]
"Celui d'en face". Littéralement "l'un
est face à l'autre". (Kohélet 7, 14). C'est
l'expression qui désigne toujours le positionnement du mal et
de l'impureté face au bien et à la sainteté. Il en résulte que
tout ce qui existe dans l'environnement profane a son équivalent
dans le domaine de la Sainteté. En l'occurrence, cette attitude
d'investissement profond dans les préoccupations du monde a bien
son pendant dans le service de D.ieu. Un homme est donc, en permanence,
confronté à une alternative. Il peut investir la dimension profonde
de son cœur dans le domaine de la sainteté, ou dans son pendant
au sein des forces du mal, se servant ainsi du libre arbitre qui
lui est accordé pour faire le mauvais choix. Dès lors, la dimension
profonde du cœur est en état de captivité et elle échappe à la
maîtrise de l'homme.
[4]
On trouve la même affirmation, dans le chapitre 17
de la première partie du Tanya, à propos d'Edom. De fait, tous
les exils forment un seul et unique processus qui commença en
Egypte, Mitsraim, de la même étymologie que Métsar, l'oppression.
L'essence même de l'exil est l'oppression à laquelle Israël est
alors soumis.
[5]
L'image de la circoncision est introduite ici pour
décrire l'exil de la dimension profonde du cœur. Ainsi, tout comme
le prépuce recouvre le gland et empêche de le voir, l'exil de
la dimension profonde du cœur l'empêche de se révéler au sein
de la personnalité. En outre, le prépuce inspire le dégoût et
c'est ainsi que le Saint béni soit-Il dit à Avraham : "Tant
que tu n'es pas circoncis, tu es répugnant devant Moi". De
même, un cœur recouvert d'un "prépuce" moral est répugnant
devant D.ieu et empêche l'homme qui le possède de Le servir profondément.
[6]
Devarim 10, 16. Et, l'on verra le commentaire de Rachi
, à cette référence: "ce qui bouche votre cœur et le recouvre".
Cette circoncision morale a pour effet de mettre en évidence la
dimension profonde du cœur, car le "prépuce" moral correspond
à tout ce qui n'a pas d'existence véritable et qui ne fait que
détourner le cœur de son objectif véritable.
[7]
Le Mohel déchire
la fine membrane qui recouvre encore le gland, et le met à nu.
C'est là la Priah. Ce
terme est à rapprocher de celui qui figure dans le verset Vaykra
5, 18, à propos de la femme Sotta: "Plaçant la femme en présence
de l'Eternel, le Cohen lui découvrira (par'a) la tête". C'est
donc à l'issue de cette seconde étape que le gland est totalement
découvert.
[8]
Ainsi, la circoncision proprement dite permet de supprimer
le "prépuce épais", alors que la mise à nu du gland
supprime, en outre, la "membrane fine" et, de la sorte,
met en évidence l'alliance de notre père Avraham. Par la suite,
le texte montrera que le "prépuce épais" est à l'origine
des passions les plus grossières et la "membrane fine",
de passions plus raffinées.
[9]
Le cœur est également recouvert d'un "prépuce"
épais et d'une "membrane" fine. Chacun peut se défaire
du prépuce épais en méditant à la grandeur de D.ieu et en mettant
en éveil, dans son cœur, l'amour de D.ieu qui est le fruit de
cette réflexion. En revanche, il est beaucoup plus difficile de
supprimer également la membrane fine recouvrant le cœur, comme
le texte le montrera par la suite.
[10]
Les passions grossières éprouvées dans le cœur sont
toutes celles qui portent sur ce qui est superflu à l'homme et
n'a d'autre but que de lui procurer du plaisir. Par contre, les
passions fines sont ressenties envers ce qui, en apparence, lui
est indispensable. Selon une autre interprétation, les passions
grossières sont celles qui ont un objet matériel, alors que les
fines sont, par exemple, la recherche des honneurs ou encore la
vantardise
[11]
Traité Chabbat 137b. Le Rambam, explique, dans ses
lois de la circoncision, chapitre 2, au paragraphe 2 : "Comment
pratiquer la circoncision ? On coupe toute la membrane recouvrant
le gland, jusqu'à ce que celui-ci apparaisse. Puis, l'on coupe
la fine membrane qui se trouve sous la peau, avec l'ongle et
on la fait revenir, de part et d'autre, afin de mettre en évidence
la chair du gland". Il en est donc de même dans la dimension
morale. Il ne suffit pas de servir D.ieu par la partie superficielle
de son cœur. Il faut encore Lui réserver sa dimension profonde.
[12]
Il appartient donc à l'homme de le faire, ce qui veut
dire que chacun en a les moyens. Comme on l'a vu, le moyen d'y
parvenir est une profonde réflexion sur la grandeur de D.ieu,
qui met en éveil un sentiment d'amour dans la dimension superficielle
du cœur.
[13]
Devarim 30, 6. On verra les explications du Ramban
et du Baal Ha Tourim sur ce verset. En tout état de cause, la
seconde phase de la circoncision dépend donc bien de D.ieu et
non plus de l'homme, ce qui justifie l'affirmation de Rabbi Chnéor
Zalman, au début de ce passage, selon laquelle: "le service
de D.ieu du cœur, émanant de sa dimension profonde, par toute
sa profondeur, n'est pas accessible à tous".
[14]
Ce verset donne une justification logique à l'amour
de D.ieu. Il est légitime de L'aimer, puisqu'Il est à l'origine
de la vie. Pour autant, cette perception n'est pas immédiate pour
l'homme, car elle émane de la dimension profonde de son cœur,
qu'il n'est pas aisé de révéler. L'intervention de D.ieu est donc
nécessaire pour qu'on puisse éprouver ce sentiment.
[15]
Le traité Sanhédrin
97a dit que le Machia'h viendra lorsque nul ne pensera
à lui. Le Tanya montre ici que ce texte ne fait pas allusion à
un oubli, à proprement parler mais plutôt à ce qui dépasse totalement
la perception de l'homme. En d'autres termes, nul ne peut aborder
rationnellement la venue du Machia'h, car cet événement transcende
la logique humaine. Ainsi, le Baal Chem Tov enseigne que: "chaque Juif doit préparer
la parcelle du Machia'h qui est liée à son âme et l'établir en
lui". Rabbi Chnéor Zalman, par contre, dit ici qu'un tel
résultat est obtenu quand un Juif met en évidence la dimension
profonde de son âme. Pour cela, sa prière, notamment, doit dépasser
toute approche rationnelle, comme le texte le montrera par la
suite. On peut constater, bien souvent, que le Baal Chem Tov
fixe l'objectif à atteindre et que l'Admour Hazaken précise
le moyen d'y parvenir.
[16]
Le traité Chabbat 10a qualifie la prière de: "vie
du moment", parce qu'elle est le moyen, pour l'homme, de
demander à D.ieu la satisfaction de ses besoins du moment, par
opposition à la "vie éternelle", l'étude de la Torah,
qui est immuable et qui n'est pas soumise aux fluctuations du
temps. Selon la pensée 'hassidique, la prière est appelée "vie
du moment" également parce qu'au cours de celle-ci, l'âme
divine quitte "momentanément" son exil et sa captivité,
comme l'explique, notamment le chapitre 13 de la première partie
du Tanya. Néanmoins, si la prière ne libère la dimension profonde
du cœur que "momentanément", pendant qu'elle est prononcée.
La Tsédakah, en revanche, a un effet durable. Chaque fois qu'un
homme en donne, il fait, à proprement parler, un acte de libération
de son âme, comme le texte le montrera par la suite.
[17]
Au même titre que la venue du Machia'h. C'est alors
la révélation de l'étincelle profonde de l'âme, de la présence
de la Chekhina au sein
de son Néfech . C'est ce qui est obtenu quand l'âme divine est
libérée de l'exil et de la captivité, pendant le moment de la
prière. C'est la raison pour laquelle la nécessité de servir D.ieu
s'impose à l'homme comme une évidence absolue, tout au long de
la prière, puis, lorsque celle-ci s'achève, l'évidence s'estompe
et l'emprise de la matière reprend le dessus.
[18]
Bamidbar 6, 25. Ce verset établit clairement que D.ieu
prend l'initiative de la révélation et qu'Il la réserve "pour
toi", pour la personne à laquelle Il décide d'offrir ce cadeau.
Un tel niveau n'est donc pas accessible à tous.
[19]
"Et, l'Eternel ton D.ieu circoncira ton cœur",
Devarim 30, 6. Ce verset fait référence au monde futur, qui apportera
cette élévation à tous les Juifs. Néanmoins, il peut d'ores et
déjà en être ainsi chez certaines personnes, à l'heure actuelle,
au moins de manière passagère, en particulier durant la prière.
[20]
) D'après l'expression du Zohar , tome 2, à la page
175b. En d'autres termes, l'effort de l'homme est nécessaire également
pour mettre en évidence la révélation divine, qui réalisera la
seconde partie de la circoncision. Même s'il est vrai que celle-ci
est à l'initiative du Tout Puissant, comme on la vu au préalable,
l'homme n'est pas dispensé pour autant de l'effort.
[21]
Selon l'expression du Zohar , tome 1, à la page 29b
: "La terre est irriguée par les eaux du ciel, qui sont déversées
sur elle. Mais, ces eaux sont "masculines", alors que
les eaux inférieures sont "féminines". Les eaux "féminines"
sont nourries par les eaux "masculines" et les eaux
inférieures appellent les eaux supérieures". L'éveil
d'en bas, les eaux féminines et les eaux inférieures sont trois
expressions décrivant l'effort des hommes, alors que la révélation
céleste est introduite par les trois autres expressions, l'éveil
d'en haut, les eaux masculines, les eaux supérieures. On verra,
à ce sujet, la fin du chapitre 10 de la première partie du Tanya.
[22]
"Il n'est pas une goutte qui tombe du ciel avant
que deux gouttes se trouvant ici-bas soient remontées là haut",
selon le traité Taanit 25b et le Zohar, tome 3, à la page 247b.
Ainsi, tout comme la pluie s'écoule sur la terre uniquement après
que les vapeurs du sol se soient élevées vers le ciel, de même,
toute révélation céleste doit systématiquement être précédée par
un effort consenti ici-bas. Et, même s'il peut arriver qu'un homme
obtienne un bienfait de D.ieu sans contrepartie de sa part, celui-ci,
bien souvent, n'est pas préparé à la recevoir et ne l'intègre
donc pas profondément. De façon générale, une telle révélation
conserve un caractère éphémère.
[23]
Le parallélisme entre le domaine de la Sainteté et
les forces du mal fait que, tout comme l'homme tire sa vie du
premier, il doit avoir l'impression de vivre également par les
secondes. C'est ce qui conduit l'homme à s'investir pleinement
dans la satisfaction de ses désirs, à en faire tout le but de
son existence. Comme on peut le constater, un tel homme a l'impression
d'exister réellement et de se réaliser dans sa vie.
[24]
Pour se défaire du "prépuce" moral qui a
été défini au préalable. C'est ici que Rabbi Chnéor Zalman introduit
l'importance de laTsédakah . Tout ce qui a été expliqué au préalable
n'est donc qu'une introduction, destinée à montrer l'élévation
à laquelle peut prétendre l'homme qui apporte sa contribution
à la Tsédakah .
[25]
Rabbi Chnéor Zalman s'adresse à des personnes qui,
pour la plupart, n'étaient pas riches et, parfois même, avaient
des moyens très limités. Il leur explique donc ici que la Tsédakah n'est pas uniquement un moyen de venir en aide à son prochain. Elle
a, en outre, une dimension beaucoup plus profonde et, de fait,
par ce qu'elle accomplit au sein de la personnalité, elle est
plus importante pour celui qui la donne que pour celui qui la
reçoit.
[26]
Comme l'expliquait le chapitre 37 de la première partie
du Tanya. Un tel homme doit se priver et ne pas satisfaire certains
besoins pour être en mesure de donner de la Tsédakah . Sa contribution
est donc, selon l'expression de l'Admour Hazaken, "ce qui
lui aurait permis d'acquérir la vitalité de son âme". C'est
l'importance de ce sacrifice qui fait toute la valeur de cette
Mitsvah .
[27]
En pareil cas, il a véritablement gagné l'argent dont
il dispose. Celui ci ne lui a pas été offert par d'autres personnes.
Si, malgré cela, il consent à le donner à la Tsédaka, il accomplit
un sacrifice plus important et l' élévation qu'il en tire est
d'autant plus considérable.
[28]
Inévitablement, à un moment ou à un autre, un homme
se passionne pour ce qu'il fait. Si celui qui travaille pour gagner
sa vie éprouve une telle passion, il aura placé son enthousiasme
dans ce que le début de cette lettre appelait: "les préoccupations
du monde". Puis, par la suite, lorsqu'il consacre l'argent
gagné de cette façon, non pas à la satisfaction de ses besoins
personnels, mais à la Tsédaka, il établit, de manière rétroactive,
que son travail était bien un acte du service de D.ieu.
[29]
Selon les termes du verset Job 33, 28 : "D.ieu
a dispensé mon âme de descendre dans la fosse". Ce terme
désigne ici le Guéhénom , qui expie aussi le débordement d'enthousiasme
pour les attraits du monde. En l'occurrence, le fait de contribuer
à la Tsédakah atteste qu'un tel débordement ne s'est pas
produit.
[30]
Consacrer à la Tsédakah , avec enthousiasme, l'argent
que l'on a acquis en s'investissant pleinement dans les activités
du monde, permet de racheter la passion que l'on a éprouvée en
le faisant et qui n'a donc pas été investie dans le service de
D.ieu. C'est précisément cet enthousiasme qui permet à l'homme
dans le besoin de contribuer, néanmoins, avec largesse, bien plus
de ne pas même ressentir ses propres besoins au moment de ce don.
En effet, même s'il appartient à D.ieu de supprimer le "prépuce"
du cœur, un homme doit, comme on l'a vu, introduire son propre
effort, se délivrer des passions en lesquelles il concentrait
sa vitalité, au préalable.
[31]
"car de lui jaillissent des flots de vie",
selon le verset Michlé 4, 23. Une attention particulière est donc
nécessaire, de la part de l'homme, pour vérifier que ces "flots
de vie" jaillissent effectivement dans la bonne direction.
[32]
Ainsi, commentant le verset Béréchit 42, 17 : "Il
les plaça dans un endroit gardé pendant trois jours", Rachi dit: "en prison". En outre, le verset
Béréchit 40, 3 dit clairement: "il les mis aux arrêts dans
la maison du chef des gardes, là où Yossef était captif".
En ce sens, l'interprétation qui doit être faite du verset cité
par le texte est la suivante: "Préserve ton cœur de l'exil
et de l'emprisonnement au sein des forces du mal et des attraits
de ce monde". Il appartient donc à l'homme de faire en sorte
que son cœur ne soit pas une prison, en permettant à sa dimension
profonde de s'exprimer en permanence.
[33]
Rabbi Chnéor Zalman présente ici la Tsédaka, non pas
comme un acte ,de solidarité, une contribution à la peine de l'autre,
mais bien comme un acte de libération, qui est effectué par l'homme
dans le but de se délivrer de l'emprise que l'égoïsme exerce sur
sa personnalité.
[34]
Comme, par exemple, dans le traité Baba Batra 174a
: "Prêtez-lui et je rembourserai". On verra aussi les
Tikouneï Zohar, au Tikoun 37 et à la fin du Tikoun 24. Il en résulte
que la révélation de la dimension profonde du cœur n'est pas une
option, laissée au libre choix de celui qui désire atteindre Un
stade plus parfait du service de D.ieu. Elle est, bien au contraire,
un dû envers le domaine de la sainteté et c'est donc pour s'acquitter
de cette obligation que chacun a le devoir de contribuer largement
à la Tsédakah.
[35]
"Tsion sera racheté par la justice, et ses captifs
par la Tsédakah" En effet, Chaveiah, "ses captifs",
peut aussi se traduire: "ceux qui retournent". En ce
sens, la Tsédakah permet bien le "retour" de l'âme de
son exil et de sa captivité, la réintégration de sa place naturelle,
qu'elle n'aurait jamais dû quitter. |
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