Approche juridique: une analyse
Gazette du Palais, n° 271, 1994.
J.B.
(…)
La circoncision, acte religieux ou acte médical?
La circoncision est l'acte le plus important du judaïsme. C'est l'alliance
nouée entre chaque juif et Dieu. Elle perpétue l'alliance fondamentale
conclue entre Moise - au nom du peuple juif - et D.ieu, au Sinaï. Il est
écrit dans la Torah: "En un lieu où Moïse passa la nuit,
l'Eternel l'attaqua et voulut le faire mourir. Sephora (son épouse) prit
une pierre aiguë, coupa le prépuce de son fils et le jeta aux pieds
de Moise, en disant " Tu es pour moi un époux de sang". Et l'Eternel
le laissa. C'est alors qu'elle dit: " Epoux de sang" à cause de la circoncision"
(Exode, 4, 24-26).
En fait, la circoncision - contrairement à l'opération du phimosis
- ne constitue pas un acte médical, car elle ne possède aucun
caractère curatif ou thérapeutique.
Est-elle une mutilation? Peut-elle tomber sous le coup de l'art. 312-3 Code
pénal? (art. 222-10 nouveau Code pénal). En ce qui concerne l'excision
- acte religieux permettant aux jeunes filles africaines de devenir mère
-, la Cour suprême, dans un arrêt célèbre s'est prononcée
pour la définition de "mutilation" et l'application de l'art.
312.
En fait, il existe une tolérance en faveur de la circoncision (Bordeaux
6 février 1900). La raison en est d'ordre coutumier (P. Boinot, Sectes
religieuses et droit pénal: Rev. science crim. 1983, p. 409 et s. spéc.
p. 417; L. Komprost, Les responsabilités du médecin devant la
loi et la jurisprudence française, Flammarion 1957, p. 565 et s.).
Responsabilité de l'hôpital :
Deux questions se posent :
- Un hôpital public peut-il faire intervenir l'un de ses chirurgiens dans
l'accomplissement d'un acte religieux?
Chaque année, des milliers de bébés juifs sont circoncis
par des rabbins, au sixième jour (sic),
ainsi que l'impose la loi mosaïque. Cependant, pour des raisons d'hygiène,
de nombreux parents demandent aux hôpitaux de circoncire leur enfant.
Ces derniers acceptent pour des raisons médicales. Tout d'abord, des
recherches récentes en pédiatrie ont révélé
la sensibilité extrême du nourrisson à la douleur. Aussi
apparaît-il nécessaire de pratiquer la circoncision sous anesthésie
générale. Enfin, cet acte religieux n'est pas sans danger, il
peut s'ensuivre une septicémie.
Ainsi que le déclare le professeur Pequignot coauteur ( avec le doyen
Auby et R. et J. Savatier) du Traité de Droit médical (Litec,
1994), "un acte religieux peut être considéré comme médical,
lorsqu'il est accompli à l'aide de techniques thérapeutiques préservant
la santé du patient".
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Aharon Altabé
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