Le guide des Egarés
Mise à jour

Le guide des Egarés. Chapitre 49.
Rambam

Adapté de la traduction française de Salomon Munk.
Je crois de même que l’un des motifs de la circoncision est de diminuer la cohabitation et d’affaiblir cet organe afin d’en restreindre l’action et le laisser en repos le plus possible. Certains ont dit que cette circoncision a pour but d’achever ce que la nature a laissé imparfait, et ce point de vue prête le flanc à la critique : pourquoi la création aurait elle été imparfaite au point d’avoir besoin d’un achèvement par quelqu’un d’autre, d’autant que l’on sait l’utilité de cette peau pour ce membre.
Cette Mitsvah ne vient pas remédier à une imperfection physique, mais à une imperfection morale, et le but est d’enlever physiquement à ce membre sans que cela altère les capacités de perpétuité de l’individu ou de sa procréation : cela lui évite les passions et la trop grande concupiscence. Le fait que la circoncision diminue (les excitations qui amènent à) l’érection et aussi la jouissance est hors de doute, car il est certain que lorsqu’on en a fait sortir le sang et ôté le fourreau du prépuce dès la jeunesse, il devient moins sensible. Nos Sages n’ont il pas expliqué que celle qui cohabite avec un incirconcis ne peut s’en séparer que difficilement?
Et c’est là selon moi le motif le plus important de la circoncision.
Le premier à accomplir à accomplir la circoncision ne fut il pas Avraham notre Père, si connu pour sa pudeur, comme nos Sages l’enseigne à propos de " Maintenant je sais que tu es une femme belle de figure ".
Il y a selon moi un autre motif très important : que tous ceux qui professent l’Unité de D.ieu se distinguent par un même signe corporel qui les regroupe. De façon que nul étranger ne puisse se faire passer pour l’un d’entre eux, que ce soit pour en tirer profit ou leur nuire. Cet acte, aucun homme ne le pratiquera sur lui même ou son fils si ce n’est par une véritable conviction, car ce n’est pas une éraflure sur la jambe ou une brûlure sur le bras, mais quelque chose de très difficile à supporter.
On sait combien les hommes s’aiment et s’entraident mutuellement quand ils ont tous la même marque distinctive qui est pour eux une espèce d’alliance et de pacte. De même, la Milah est une alliance conclue par Avraham notre Père pour la croyance en l’Unité de D.ieu, et seul celui qui se fait circoncire entre dans l’alliance d’Avraham, et s’engage par cette alliance à s’en tenir à l’Unité de D.ieu, " afin d’être pour toi le D.ieu, et pour ta descendance après toi ".
Ceci est une notion importante pour comprendre la circoncision, et peut être même plus importante que ce que nous avons exposé en premier.
L’accomplissement de cette Mitsvah et son observation au fil des générations n’a été rendue possible que parce qu’elle se pratique dans la petite enfance, et ceci tient à trois sages raisons :
1 - Si on laissait grandir l’enfant, il se pourrait qu’il ne pratique pas la circoncision.
2 - Il ne souffre pas autant que souffrirait un adulte, vu que sa peau est encore frêle, et sa conscience peu développée. Un adulte craindra et aura bien des difficultés, tant son imagination peut le troubler avant que ce ne soit fait.
3 - Les parents n’ont pas encore une grande affection pour l’enfant, au moment de sa naissance, car il n’a pas encore pris place dans leur esprit, et l’attachement ne se crée qu’au fur et à mesure des contacts qu’ils ont avec lui, de son développement, et ce n’est que plus tard qu’elle commence à baisser et à s’effacer. C’est pourquoi le père et la mère n’éprouvent pas pour celui qui vient de naître l’amour qu’ils éprouvent pour l’enfant d’un an, et ils n’aiment pas l’enfant d’un an comme ils aiment l’enfant de six ans. Si donc on laissait l’enfant deux ou trois ans sans le circoncire, cela aurait pour conséquence d’annuler la circoncision, du fait de la compassion du père et de l’amour qu’il a pour son fils. Mais lors de la naissance, cette affection est encore très faible, surtout chez le père, à qui ce commandement est prescrit.
La raison pour laquelle la circoncision a lieu le huitième jour, c’est que tout être vivant au moment de sa naissance, est très faible, et extrêmement fragile, comme s’il était encore dans le giron de sa mère jusqu’à ce que soient passés sept jours, au delà desquels il est considéré comme venu au monde et parmi les vivants. Cette même notion se trouve également pour les animaux, pour lesquels la Torah prescrit " Il restera sept jours avec sa mère, etc..." Avant ce délai, il est considéré comme un avorton, et de même, l’homme ne pourra être circoncis qu’après le délai de sept jours. De cette façon est fixé un principe universel, et non une loi au cas par cas.

Aharon Altabé
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